Question :
“Pourquoi, dès que je rencontre un homme que j’aime bien, je me projette directement, je suis dans l’attente, etc. Pourtant, j’ai déjà fait un énorme travail sur moi, célibataire depuis 4 ans, j’aime ma vie. J’apprends à m’aimer, à mettre des limites, etc… J’ai l’impression que je ne sortirai jamais de cet attachement anxieux, alors que je connais à peine la personne.”

Je vais répondre directement,
quand vous dites “J’ai fait un énorme travail sur moi”, vous avez dû travailler la partie superficielle de ce problème d’attachement.

Les problèmes d’attachement ou relationnels sont liés à l’histoire avec nos parents/famille, la dynamique de notre relation, l’affection donnée ou non, les dysfonctionnements, les manquements ainsi que nos colères/tristesses refoulées, etc.

« L’enfant qui n’a pas été rassuré devient l’adulte qui vérifie constamment s’il est encore aimé. »

Si on veut vraiment les travailler, on a besoin d’aller vraiment en profondeur dans l’analyse et l’extériorisation de notre histoire.
Et, généralement, peu de personnes le font (très peu de personnes), car c’est un travail très inconfortable qui vient toucher l’inconscient, des parts de nous-mêmes que l’on silence. D’ailleurs, certaines personnes vont endormir complètement cette part d’elles-mêmes.

Les problèmes d’attachement amènent à deux difficultés :
1/ On peut “attirer”, par nos comportements, des personnes qui vont empirer ce problème en confirmant nos croyances profondes sur ce sujet.
2/ On va polluer la relation, car l’attachement anxieux va amener à des comportements déséquilibrés envers son partenaire, ce qui risque d’épuiser la relation et le/la partenaire.

« On ne guérit pas l’attachement anxieux en s’accrochant plus fort, mais en apprenant à se sentir en sécurité en soi. »

Si je peux vous donner un exercice qui peut vous aider sur un temps, mais attention, ça ne traitera pas le problème profondément, comme je le fais lors de mes séances.

Prenez une feuille et faites deux colonnes :

-Dans la première colonne, vous listez les comportements, liés à votre problème d’attachement, qui vous gênent.

-Dans la deuxième colonne, en face des comportements que vous avez notés dans la première colonne, notez la manière dont vous aimeriez réagir si vous n’aviez pas cette problématique, ou demandez-vous : “Comment une personne qui n’a pas ma problématique d’attachement réagirait-elle ?”

Et, lorsque vous sentez que vos comportements sont influencés par votre attachement anxieux, rappelez-vous ce que vous avez écrit dans la deuxième colonne pour inspirer vos comportements.
Exercice à répéter jusqu’à ce que cela influence vos comportements automatiques activés par vos blessures passées.

C’est un exercice qui demande une certaine discipline sur le long terme, qui aurait aussi besoin d’une aide professionnelle si vous voulez aller jusqu’au bout.

Car, quand on amène un changement sans libérer et traiter les causes émotionnelles de notre problème, les changements sont difficiles à tenir dans la durée, et ils vont être plus forcés que si vous aviez fait le travail (long et inconfortable) sur les blessures liées à votre problématique.

C’est une dure réalité que je vous renvoie.

Je sais qu’on préfère se convaincre que “nous avons fait le travail” ou que nous avons déjà “beaucoup travaillé sur nous”.

Mais la vérité est tout autre, surtout quand on a des problématiques qui finissent par nous gêner à répétition dans notre quotidien et nos relations. Il est facile de se conforter en se convainquant qu’on a fait le travail.

Enfin, bien sûr, vous pouvez sortir de cette problématique d’attachement anxieux, et en ressortir même encore mieux que des personnes qui n’ont jamais eu de problème.

*Pour la partie “cela fait 4 ans que je suis célibataire” : être célibataire ne vous aidera pas à être meilleur dans vos prochaines relations. C’est en étant en relation que l’on apprend à être meilleur dans nos relations, pas en étant seule. On a besoin d’entraînement, de faire face à l’autre et de mettre en pratique la nouvelle version de vous-même.

Quand vous restez longtemps célibataire, vous apprenez juste à mieux apprécier la solitude. C’est d’ailleurs pour ça que certaines personnes ont du mal à retrouver quelqu’un après une longue période de célibat.

Quelques citations pour compléter votre réflexion :

“Les personnes avec un attachement anxieux pensent souvent qu’aimer, c’est prouver, se montrer, se battre pour garder l’autre. Mais l’amour mature ne se construit pas dans la peur. Il se construit avec la certitude intérieure que, même si l’autre s’éloigne, vous restez digne d’amour.”

« La précipitation dans l’attachement amoureux n’est pas de l’amour, c’est la peur. La peur de manquer, de perdre, de ne pas être choisi. Et cette peur nous empêche de réellement voir l’autre tel qu’il est. »
— Terrence Real

« Être seul peut nous apprendre à nous apprécier, mais c’est dans la relation que nous apprenons à aimer. Car l’attachement se répare dans le lien, pas dans l’isolement. »
— Stan Tatkin

Eva Ledemé

Consultation individuelles et thérapie de couple.

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